NOTIONS

La compréhension de l’aïkido (et des budō en général) implique de développer différentes notions relatives au mode de pensée japonais.

Complémentaires et interdépendantes, ces conceptions sous-jacentes à l’ensemble de la culture nipponne ont influencé en profondeur ses courants artistiques, philosophiques et spirituels.

Principe fondamental hérité de la culture chinoise, le ki (chinois : ch’i) est l’énergie vitale qui forme, anime et relie toute chose.

Présent dans toutes les manifestations de la nature, il circule dans l’organisme le long des méridiens, et prend sa source au niveau du centre de gravité du corps, le centre des énergies (seika-tanden) situé dans la zone inférieure de l’abdomen (hara).

Le terme japonais aïki se compose des idéogrammes (kanji) :

  •  : union, harmonie, concordance
  • ki : énergie, esprit, force vitale

et peut-être traduit par  »concordance des énergies » ou  »union des esprits ».

Dans cette perspective, Tori rassemble () son énergie (ki) et s’accorde () à la force d’attaque (ki) de Aïte, afin de rétablir l’harmonie () avec l’Esprit (ki) de l’univers.

Bien qu’il s’agisse du principe moteur de notre discipline, ce concept n’est pas exclusif à la seule pratique martiale. Aussi, il peut être applicable en toute chose, si bien qu’une compréhension approfondie de la notion d’aïki peut ouvrir un chemin intéressant sur les dimensions plus spirituelles de l’existence humaine.

La notion de hara n’a pas d’équivalent dans la pensée occidentale et désigne un espace profond localisé dans le bas-ventre. Y demeure le seika-tanden, source de l’énergie vitale (ki), point de convergence des méridiens et centre de gravité corporel et spirituel.

Siège de la vie émotive, instinctive et intuitive, la conscience du hara peut être développée en accord avec une respiration  »dirigée », en vue d’offrir un lieu d’expression à nos émotions, leur permettant ainsi de se manifester sans influence sur le mental.

Ainsi cette prise de conscience joue-t-elle un rôle essentiel dans la pratique de la méditation zen.

En aïkido, elle se traduit par un travail perpétuel sur le contrôle des hanches et de la respiration, lors de l’exécution des techniques et des déplacements.

Le concept de kokyu-ryoku (ko : expirer ; kyu : inspirer et ryoku : force) renvoie à la puissance respiratoire abdominale, en tant que technique d’accumulation et véhicule du Ki.

Les notions irimi (entrer) et tenkan (ou taï-sabaki : tourner) correspondent aux déplacements rectilignes et circulaires des hanches (centre de gravité) caractéristiques de l’aïkido.

Éléments fondamentaux de la discipline et essence de son efficacité, ils génèrent l’énergie de la technique, forment le centre du mouvement et créent la sphère dynamique.

Plusieurs possibilités :

irimi : Shite  »entre » (prend le centre de Uke)
tenkan : Shite pivote (laisse passer l’attaque de Uke)
irimi-tenkan : Shite entre puis pivote
tenkan-irimi : Shite pivote puis entre

Le terme japonais  »maaï » se compose des deux idéogrammes (kanji) :

ma : espace, distance
aï : union, harmonie, concordance

Notion fondamentale dans l’entraînement des budō japonais (et plus généralement de toutes les disciplines martiales), le maaï fait référence à la gestion du vide qui  »relie » Shite et Uke.

Dans cette relation, le rapport entre la distance à préserver et l’instant effectif de l’attaque/défense engendre un champ de forces dynamiques, dont la mise en jeu implique un état de vigilance exacerbé (zanchin), aboutissant à l’ultime prise de décision.

La notion de zanshin (littéralement : « l’esprit qui demeure ») est une attitude intérieure consistant à entretenir un état de vigilance.

Concrètement, il s’agit pour le pratiquant de se maintenir aux aguets vis-à-vis de ce qui l’entoure, l’esprit détaché, donc libre de toute tension et ce faisant, disponible à la moindre alerte.